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Fête de saint Jacques, à Échirolles : 25 juillet, ou 3ème jour de Pâques ?

« Cette fête de Saint-Jacques d’Échirolles, pèlerin qui mourut et fut enterré en ce lieu au commencement du neuvième siècle, s’est toujours célébrée, comme on le fait encore, le troisième jour de Pâques. Les habitants de ce village, prétendant néanmoins qu’ils devaient posséder, non pas le corps d’un pèlerin, mais celui de l’apôtre S. Jacques, fêtaient aussi le 25 juillet, jour consacré par l’église au martyre de ce dernier saint. »[1]

On trouve d’autres exemples de sanctuaires dédiés à Saint-Jacques fêtés juste après Pâques. Ainsi l’historienne Denise Péricard-Méa mentionne Saint-Jacques de Calahons, en Catalogne. « Trois grands pèlerinages y avaient lieu, le 1er mai, le 25 juillet et le lundi de Pâques. Les deux premières dates sont fréquentes, on fête sans état d’âme Majeur et Mineur. La fête du lundi de Pâques serait celle du martyre du Majeur, selon un passage du Livre de saint Jacques (Livre III, chap. 3) : « En ce même temps le grand roi Hérode fit périr Jacques, frère de Jean, par le glaive… Il a été jugé vers la troisième heure et vers la neuvième heure, comme le Christ, il a trépassé. Le maître et le disciple ont subi la passion le même jour et à la même heure ». Malgré ces deux anniversaires confondus : on fête saint Jacques après le Christ, le lundi de Pâques. »[2] L’historienne poursuit dans ce même document en expliquant que la date coïncidait avec la fin de la période de privation et de restrictions qu’était le Carême, ce qui donnait lieu à des fêtes particulièrement animées : La vogue des pèlerinages locaux, dits aplecs n’est pas morte en Catalogne, tout particulièrement ceux qui fêtent le printemps. Jeanne Camps évoque ces pèlerinages populaires et festifs dans les ermitages où l’on se rend le lundi de Pâques. Après les quarante jours de Carême ils étaient des occasions de se défouler. La joie de vivre des Catalans, dit-elle, explose en chansons, en grillades et bagarres comme celle qui eut lieu à Notre-Dame de la Roca à Nyer en 1843 : « on s’y réunit pour Pâques, c’est la mort aux chevreaux, on les mange par douzaines, et puis quand on a mangé, bu, la danse et beaucoup de coups de poings ». On peut penser que l’équivalent se produisait lors des « vogues » dauphinoises.

Dans l’Église de l’Orient était célébrée une fête le premier Vendredi dit de Pâques après la célébration de la Résurrection (le dimanche) c’est à dire le cinquième jour après Pâques en l’honneur global des « confesseurs », et en premier les  martyrs, et en premier les douze et parmi les 12 apôtres et en faisant mémoire d’abord du premier apôtre martyr qui est Jacques le Majeur, décapité en 40-41 selon Actes 12,2. [3] 

Dans le Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastique, le DHGE, XXVI, Paris 1997, 597-598, on trouve mentionné pour‌ le culte de JACQUES LE MAJEUR, fils de Zébédée :  » La Notitia de locis sanctorum apostolorum (B.H.L., 1, n° 658), la recension la plus ancienne du Martyrologe Hiéronymien et la version occidentale (VII°s.) du Breviarium apostolorum (d’origine byzantine) font mémoire de S. Jacques le Majeur le 25 juillet et cette date a été reprise dans les martyrologes de Florus et d’Adon puis dans le Martyrologe Romain. Par contre, tous les documents liturgiques mozarabes (IX -XII° s.) fixent la fête au 30 décembre. Dans l’Église byzantine, celle-ci était célébrée le 30 avril, dans l’Église copte le 12 avril, chez les Arméniens le 28 décembre et chez les Syriaques le 27 décembre.  » Ces dates ne correspondent guère avec l’indication d’Act. Ap., XII, 3, qui situe l’exécution de l’apôtre à la veille de la fête de Pâques (donc fin mars ou début avril).

Se pourrait-il que la fête liturgique quelques jours après Pâques puisse s’expliquer par ‌l’apparition de Jésus à Jacques (1 Corinthiens 15:7)  » Il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort –, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres » ? [4] 


[1] J.-J.-A. Pilot de Thorey, Usages fêtes et coutumes existant ou ayant existé en Dauphiné, Grenoble, p. 69-70, paru dans la Bibliothèque historique du Dauphiné, publiée par Xavier Drevet en 1882

[2] Denise Péricard-Méa, La Catalogne et Saint-jacques

[3] Conversation privée avec Pierre Perrier, spécialiste du Christianisme des origines

[4] Merci au Père Jean-Philippe Goudot pour cette hypothèse

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