Article de Jean-Marc Potdevin initialement publié dans la revue Traces d’Histoire N°4, Automne 2022, N° ISSN 2778-2603, sous le titre « Dans le cartulaire de St-Hugues, Saint-Jacques de Compostelle… ou d’Échirolles ? ». Traces d’Histoire est la revue culturelle du GRAPHE, Groupe de Recherche Archéologie, Patrimoine et Histoire du canton d’Échirolles (Échirolles, Eybens, Bresson).
Dans cet article nous nous intéressons à la plus ancienne mention connue du vocable « Saint-Jacques » pour désigner Saint-Jacques d’Echirolles. Nous connaissions déjà dans les archives des Templiers de la commanderie d’Echirolles, aujourd’hui conservées aux archives des Bouches-du-Rhône, la liste des propriétés Templières d’Echirolles. Établie devant le frère Julien qui en était le commandeur, elle mentionne « le dit Temple dans la paroisse de Saint-Jacques, en dessous de celle-ci »[1]. Nous sommes alors le jour de la Pentecôte de 1275. La commanderie d’Echirolles (dont il reste aujourd’hui l’ancienne propriété Collot et la chapelle en ruine) ainsi que certaines de ses possessions se trouvent en effet en contre-bas de la chapelle Saint-Jacques qui était située dans l’actuelle frange verte, « au-dessus » d’Échirolles.
Plus ancien, mais sujet à interprétation, se trouve mentionné vers l’année 1100, le vocable de Saint-Jacques dans les célèbres cartulaires de saint Hugues[2], et à deux reprises, dans les chartes XVI et XVII du second cartulaire (dit « cartulaire B »). Le contexte en est la récupération par saint Hugues de terres appartenant à l’Église et dont l’Église considérait que les comtes d’Albon se les étaient appropriés de manière illégitime. Ce conflit – le « partage de condamines » situées vers Meylan – oppose saint Hugues à Guigues-le-Comte (né vers 1050), fils de Guigues-le-Gras. Une véritable dyarchie règne alors sur Grenoble, partagée entre les évêques et les comtes (futurs Dauphins), co-seigneurs de Grenoble et que dominent les premiers[3].
Le cartulaire B qui nous intéresse ici contient 129 chartes, datées entre le 23 août 1057 et l’année 1111 ainsi que des chartes non datées dont la plus ancienne date d’environ 1015 et la plus récente de 1120[4]. Les chartes XVI et XVII, non datées, sont situées « autour de l’année 1100 »[5]. Elles contiennent la description précise du partage des condamines récupérées par saint Hugues, en terminant la description des lieux par la « route publique qui va d’un côté vers Rome, de l’autre vers Saint-Jacques »[6]. Les historiens ont rapidement interprété ce vocable comme désignant Saint-Jacques de COMPOSTELLE, en Galice. Après tout, la symétrie de la route publique qui va vers Rome d’un côté – haut lieu de pèlerinage vers la tombe de saint Pierre – et la route publique qui va vers Saint-Jacques de l’autre – apôtre du Christ et depuis longtemps troisième plus grand lieu de pèlerinage de la Chrétienté après Jérusalem et Rome – semble aller de soi. Mais n’est-ce pas là un anachronisme ? A l’inverse, pouvait-il plutôt s’agir de Saint-Jacques d’Échirolles ? Nous aurions alors la preuve que le lieu-dit était (au moins localement) suffisamment connu pour ne pas mériter la précision. Saint-Jacques d’Echirolles allait de soi, évidemment. Nous allons tenter de le démontrer.
Nous commencerons par regarder la reconnaissance effective que Compostelle avait en 1100, puis la notion même de « route de Saint-Jacques », avant d’examiner précisément le texte et les descriptions locales menant à Saint-Jacques d’Echirolles.
Reconnaissance de Compostelle par la papauté.
La reconnaissance de Compostelle était récente en 1100. La ville se trouvait dans le diocèse d’Iria-Flavia. Les évêques d’Iria, sans doute depuis le IXe siècle, y avaient établi leur résidence. En 1049 au concile de Reims, à peine 50 ans avant les lignes du Cartulaire de saint Hugues, « le Pape Léon IX avait excommunié l’évêque d’Iria-Compostelle pour avoir affirmé que son siège était apostolique »[7] ce qui revenait à nier la présence du corps de l’apôtre à Compostelle. De nouveau, en 1074, le Pape Grégoire VII rappelait par écrit aux rois de Castille et de Navarre que l’Espagne « avait été évangélisée par sept évêques envoyés depuis Rome par saint Pierre et saint Paul»[8], ce qui niait donc également le fait que l’apôtre Jacques eut évangélisé l’Espagne.
Certes il est facile d’arguer de l’ancienneté du pèlerinage : un évêque français, Gotelscalc[9], avait bien fait le voyage pendant l’hiver 950-951 depuis l’actuel Puy-en-Velay vers Compostelle. Mais le pèlerinage ne fut pas continu depuis cette date : le sac de Compostelle en 997 par le chef de l’Espagne musulmane y a mis un sérieux coup d’arrêt. Le grand vizir de Cordoue Al-Mansur a rasé la ville et entièrement ravagé, pillé et brulé le sanctuaire (sauf les reliques), ce qui a plongé le pèlerinage dans un profond et durable marasme[10]. Il faut attendre la croisade ibérique de 1063 lancée par Alexandre II, suivie de la reprise de Tolède aux Musulmans en 1085 et l’implication à la fois de Cluny et du pape Urbain II pour que l’Église réalise l’importance géopolitique de Compostelle pour la Reconquista. En 1095, Urbain II lance son appel à libérer la Terre Sainte ; la même année il crée l’église compostelane par sa Bula Veterum sinodalia. Compostelle devient un évêché en 1095, donc enfin reconnue par Rome. Ce n’est pas encore un archevêché, et encore moins une primatie. Le point culminant de la reconnaissance de Compostelle ne vient que 25 ans plus tard en 1120, par le Pape Calixte II qui octroie au siège de Saint-Jacques les droits métropolitains et permet ainsi à son évêque Diego Gelmirez d’obtenir le titre d’archevêque.
Comme souvent en pareil cas, la popularité du sanctuaire a précédé sa reconnaissance officielle : la pose de la première pierre de la grande basilique romane de 2500 places à Compostelle date de l’an 1075 et prouve que la popularité du pèlerinage à Compostelle avait bien commencé en cette deuxième moitié du XIe siècle. Mais de là à parler d’une « route vers Saint-Jacques » depuis Grenoble ?
Existait-il la notion de « Route de Saint-Jacques » ?
Au XXIe siècle, nous avons en représentation le chemin institué de Saint-Jacques. Pour être précis, en France : les chemins ; ces 4 voies principales de Tours, Vezelay, Puy-en-Velay, et Saint-Gilles (ou Arles). La voie du Puy (Via podiensis) étant probablement, dans l’esprit du lecteur contemporain, la voie rejointe depuis Grenoble par cette « route de Saint-Jacques ». Nous savons en effet – ou plutôt nous croyons savoir – que l’évêque du Puy[11] Gotescalc ayant emprunté le premier ce chemin en hiver 950-951, les pèlerins mettent depuis lors leurs pieds dans les siens. Pourtant, Gotescalc n’a très certainement jamais emprunté ce chemin du Puy : au Moyen Âge, on ne traversait pas les montagnes ainsi – surtout pas en hiver – pour voyager. On les contournait. L’évêque a vraisemblablement rejoint la vallée du Rhône pour la descendre en bateau[12], puis rejoint Barcelone soit par la mer, soit par l’ancienne voie romaine longeant la Méditerranée, pour ensuite suivre la voie romaine en Espagne vers la Galice. Selon l’historienne Adeline Rucquoi, Gotescalc « n’a pas créé le chemin du Puy, qui n’existait pas, et qui n’a pas existé jusqu’au XXe siècle »[13]. On retrouve la même mise en garde contre cet anachronisme dans un article d’Humbert Jacomet sur Gotescalc : « A-t-on d’abord suffisamment remarqué qu’à pareille époque l’on ne saurait parler de “chemins de Saint-Jacques” ? […sans] verser dans un tel anachronisme. »[14]. Même analyse chez Jean Glénisson : « Il est vrai que les pèlerins du XIIe siècle ne se représentaient pas un chemin – au sens, double et confondu, de voie matériellement établie et d’itinéraire – comme nous le faisons aujourd’hui. (…) De tout cela qui nous semble naturel, le pèlerin du temps passé ne pouvait même pas concevoir la possibilité. Pour lui, nulle fixité d’itinéraire, nulle sécurité du voyage, nulle régularité du parcours »[15]. Le consensus semble bien établi parmi les spécialistes : « On s’accorde désormais sur le fait qu’il n’existait pas de chemins de pèlerinage stricto sensu et que les pèlerins, comme les autres voyageurs, empruntaient les grands chemins de l’époque, (…) sans oublier le fait que, plus on s’éloigne du sanctuaire, plus la notion des chemins spécifiques à ces pèlerins devient fragile »[16]
Cette croyance actuelle en l’existence d’un chemin tracé – d’une route – vers Saint-Jacques provient sans doute d’une lecture contemporaine du fameux « Guide du pèlerin à Saint-Jacques de Compostelle », le 5ème livre du « Codex Calixtinus ». Ce codex, attribué au Pape Calixte II (v. 1060-1124), a été compilé après sa mort, entre 1140 et 1160. Il était donc inconnu en 1100 au moment de l’écriture des chartes XVI et XVII du cartulaire saint Hugues. Le Guide mentionne bien 4 voies, ou plutôt 4 points de départ du chemin, mais se contente d’en décrire deux routes possibles (celle de Saint-Martin de Tours et celle de Saint-Gilles du Gard). Ces points de départ étaient surtout des sanctuaires connus, et selon l’hypothèse d’Adeline Rucquoi, des points de départ d’un itinéraire symbolique, rassemblant des pèlerins des 4 points cardinaux, et choisis car étant eux-mêmes des destinations de pèlerinages[17]. L’historien Bernard Giquel prouve que l’auteur du Guide « n’invente pourtant pas ces quatre routes. Il reprend des itinéraires connus. Il prouve que les chemins proposés dans Le Guide sont en fait des itinéraires que le roi de Castille Alphonse VII propose à des seigneurs aquitains qu’il invite à son couronnement en 1135. Cela n’a rien à voir avec de véritables pèlerins. Si Aymery se sert de ces voyages, c’est pour profiter du prestige des princes afin d’augmenter la gloire du sanctuaire. »[18]
De toute façon, ce Guide composé à Compostelle[19] n’a pas été diffusé en France. En 1993, l’historienne Alison Stones s’interroge : « Qui a lu le Guide ? En fait, au Moyen Âge, il est quasiment inconnu. Son auteur ne s’adresse donc pas à des pèlerins qui, de toutes les manières, ne l’auraient même pas lu[20]. Il faudra attendre 1882 pour qu’il soit publié en latin dans une revue française, puis 1938 qu’il soit enfin publié en français. Selon Adeline Rucquoi, le chemin du Puy fut « créé » vers 1950 par des historiens, historiens de l’art et archivistes de la Société des Amis de Saint-Jacques de Compostelle[21] dont elle fait elle-même partie. L’historien Philippe Martin[22] donne les raisons de l’invention de ce chemin au milieu du XXe siècle « LA route, LE chemin, cette voie unique qui viendrait du passé est donc un mythe, dont il faut comprendre les motivations. »[23]. Dans ce même article il affirme au sujet de l’auteur du Guide du Pèlerin, Aymeri Picaud, qu’il « serait sans doute surpris de ce que nous avons fait de son texte, étonné de cet anachronisme ».[24]
Parler de la « route publique qui va vers Saint-Jacques » dans le cartulaire de saint Hugues en référence aux actuels « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle » est donc une interprétation très actuelle de cette phrase, bien qu’on ne puisse exclure un très improbable usage de l’indication d’une direction.
« Route de Vienne », « Route de Rome », « Chemin de Saint-Jacques d’Echirolles »
A l’inverse de Compostelle, Vienne – l’ancienne « Rome des Gaules » – était un centre historiquement ancré dans un passé prestigieux. Au IIIe siècle sous Dioclétien, la Gaule était séparée en deux immenses diocèses regroupant chacun plusieurs provinces. Celui de toute la moitié sud de la Gaule regroupant 7 provinces était le diocèse de Viennoise dont Vienne était la capitale. Cette ancienne puissance rendait nostalgique son archevêque Guy, le futur pape Calixte II. Vienne était un archevêché, et « 1119 marque l’apogée de la puissance spirituelle des archevêques de Vienne » comme l’écrira le chanoine Chevalier[25]. Gratianopolis[26] était alors un simple évêché, « suffragant » de Vienne. La ville de Grenoble, ancien poste de douane située sur la voie romaine traversant les Alpes depuis Vienne, était de dimension encore modeste. Les deux portes qui en permettaient l’accès s’appelaient l’une « Porte Traine » (corruption de « Porte Romaine » selon l’historien Pilot[27], aussi appelée Trivoire à l’époque de saint Hugues) par laquelle sortait l’ancienne voie romaine (vers Rome), l’autre « Porte Viennoise ». Naturellement, la route qui reliait Gratianopolis à Vienne s’appelait depuis toujours la « Route de Vienne ». Pourquoi saint Hugues aurait-il subitement nommé cette route comme celle de Saint-Jacques de Compostelle ?
Utiliser la symétrie Rome-Compostelle pour traduire la phrase « que strata pergit versus Romam vel ad Sanctum Jacobum » et justifier l’alternative entre les deux villes aussi lointaines – et donc l’évidence qu’il s’agit de Compostelle – est un raisonnement trompeur. Rome est le centre de l’ancien empire. Le réseau routier s’appuyait naturellement sur les anciennes voies romaines qui avaient structuré depuis des siècles les voies de communication en Europe – d’un côté, toutes ces routes vont bien vers Rome qu’il est donc naturel de nommer. Le dicton populaire est resté : « Tous les chemins mènent à Rome ». Mais symétriquement, comment choisir une destination aussi lointaine que Compostelle, à la renommée aussi récente ? La symétrie est trompeuse.
A l’inverse, la rue traversant Gratianopolis entre la Porte de Vienne et la Porte Traine, l’actuelle « Grande Rue », s’est aussi appelée rue de la Porte Traine (rue de la Porte Romaine). Une fois sorti de la ville par cette porte (située sur l’actuelle place Grenette), cette ancienne voie vers Rome dont parle le cartulaire aux abords de la ville suivait le tracé de l’actuelle… rue Saint-Jacques, au centre de Grenoble. Elle traversait l’ancien « Faubourg Saint-Jacques », autour de l’actuelle rue de Stalingrad, non de loin de l’actuelle église Saint-Jacques de Grenoble qui a été incendiée en 2019 et entièrement réduite en cendre. Ce Faubourg Saint-Jacques est « ainsi nommé à cause de saint Jacques, patron de l’église d’Echirolles, village alors le plus proche de la ville » selon Pilot[28]. Véritable trace de notre mémoire collective, cette rue Saint-Jacques désignait tout naturellement la route vers Saint-Jacques… d’Echirolles. L’auteur des chartes XVI et XVII du cartulaire de saint Hugues utilisa simplement la même ellipse, évidente pour tout le monde à l’époque.
Carte reconstituée, fin du XIVe siècle[30]. La légende 2 nomme la route sortant de Grenoble par la porte Traine « Chemin de Saint-Jacques d’Echirolles »
Une description des lieux trop locale pour mentionner une ville si lointaine.
Le texte du cartulaire décrit le partage des condamines en décrivant les lieux avec une géographie extrêmement locale et précise, et utilisant les noms des lieux-dits : les deux condamines jouxtent l’église Saint-Victor de Meylan, leur séparation passe au-dessus de la route de Biviers pour suivre un cours d’eau, passe à côté de Boquéron, par une crête moyenne, à côté de l’arbre qu’on appelle aubépin et qui descend vers la route publique qui va d’un côté à Rome de l’autre à Saint-Jacques. Cette description se passe aux alentours de Meylan et se termine sur la route publique qui mène à travers Grenoble, vers Vienne. C’est très vraisemblablement dans le but de rester précis sur l’endroit où le partage des condamines croise la route publique de Vienne vers Rome que l’auteur du Cartulaire choisit de ne pas mentionner la direction ni de Gratianopolis, ni de Vienne, mais le lieu-dit le plus proche de lui, à savoir Saint-Jacques d’Echirolles. Il a intérêt à citer un lieu-dit pour être précis, et non une direction.
Ce qui achèvera de nous convaincre c’est la formule utilisée dans la charte XVII, à la syntaxe légèrement différente de la précédente : que strata pergit versus Romam sive erga Sanctum Jacobum. Ici, l’auteur utilise la préposition erga suivi d’un accusatif, dont la traduction (en parlant d’un lieu) est : « en face de », « en vis à vis de », « aux alentours de », « près de ». Nous sommes donc bien sur la route qui, d’un coté va vers Rome, et de l’autre arrive en face de Saint-Jacques, aux alentours de Saint-Jacques.
Ainsi, ce faisceau convaincant d’éléments prouve de façon quasi certaine que l’auteur de ces chartes parle de Saint-Jacques comme d’un lieu-dit local. Il ne mentionne pas la chapelle ni l’église Saint-Jacques, comme il le fait plus haut dans le texte en parlant d’autres églises, telle l’église Saint-Victor de Meylan « que sunt juxta ecclesiam Sancti Victoris de Meiolan ». Nous formulons l’hypothèse que le lieu-dit était suffisamment réputé en lui-même, plus que la seule chapelle Saint-Jacques d’Echirolles, pour qu’aucune autre mention ne soit jugée nécessaire pour qualifier le lieu de façon non ambigüe. Ceci nous amène à poser la question, bien plus large, de la date d’apparition d’un pèlerinage proprement local, celui de Saint-Jacques d’Echirolles concurremment de celui de Compostelle. Cette hypothèse est compatible avec Nicolas Chorier qui, mentionnant le voyage du comte Guigues en 1107 à Saint-Jacques en Galice, date l’origine de la dévotion à Echirolles : « Ce fut environ ce temps-là que cette dévotion commença. Jacques homme d’une sainteté reconnue, mais différent de l’apôtre, que tous les anciens martyrologes disent être mort dans l’Asie, avait été enterré au-devant de l’église d’Echirolles à une lieue de Grenoble, et sa mémoire y était honorée, mais sa tête avait été portée en Galice, et les Espagnols n’avaient pas fait difficulté de l’attribuer à saint Jacques l’apôtre pour lui acquérir plus de vénération, et à son pays plus de gloire. »[31]
Nous avons donc développé de puissants arguments en faveur d’une utilisation courante du vocable Saint-Jacques pour le lieu-dit de la chapelle d’Echirolles et de ses alentours vers l’an 1100. Il est possible que la renommée locale de ce lieu-dit – que nous déduisons de l’utilisation du vocable Saint-Jacques sans autre qualificatif – corrobore les écrits de Chorier et provienne des premiers développements de la dévotion au culte de Saint-Jacques d’Echirolles, au tout début du XIIe siècle.
[1] Cartulaire de l’Ordre du Temple ; matériaux recueillis par le marquis d’Albon († 1912), et formant la suite de son Cartulaire général de l’Ordre du Temple, 1119 ?-1150 (Paris, 1913-1922, 2 vol. in-4°). Consultable en ligne ici sur le site de la BNF : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc693989/cd0e218 feuillet 496 B du Rh H. Temple l.50 parchemin côté n° X
[2] Nous utiliserons comme document de référence les « Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble, dits Cartulaires de Saint-Hugues » publiés par M. Jules Marion, Paris 1869
[3] Pierrette Paravy : « De la chrétienté romaine à la réforme en Dauphiné », Ecole française de Rome, 1993, Tome 1, page 66
[4] Cartulaires de Saint Hugues, Introduction, page VII.
[5] Cartulaires de Saint Hugues, Cartulaire B, page 93
[6] …et descendit in stratam publicam ; que strata pergit versus Romam vel ad Sanctum Jacobum, in Cartulaire B, Charte XVI, page 95
[7] Adeline Rucquoi : « Charlemagne à Compostelle », publié par le Centre d’Etudes Compostellanes dans « Cahiers d’Etudes de Recherche et d’Histoire Compostellanes » n° 17, p. 8, 2014
[8] Ibid. p. 8, voir aussi Anne Prache « Les sources françaises de l’architecture de Saint-Jacques-De-Compostelle » in « Saint Jacques et la France » d’Adeline Rucquoi, Editions du Cerf, 2003, p. 266
[9] Parfois orthographié Godescalc
[10] Philippe Martin : « Les secrets de Saint Jacques de Compostelle », La Librairie Vuibert, Mars 2018, p. 81-82
[11] L’actuel Puy-en-Velay était alors Sainte-Marie d’Anis, diocèse qui se trouvait dans la province ecclésiastique d’Aquitaine. cf « Gotescalc, évêque de Saint-Marie d’Anis, Pèlerin de Saint-Jacques (950-951) » par Humbert Jacomet, 2009
[12] Selon Humbert Jacomet « il semble plus probable que Gotescalc ait regardé vers le Midi. La basse vallée du Rhône et les côteaux ensoleillés sur lesquels courait l’antique Via Domitia, n’offraient-ils pas un sûr chemin vers cette Gothie (…) » Ibid. page 23. On retrouve le même itinéraire décrit par Adeline Rucquoi dans sa conférence « « Pèlerins et chemins de pèlerinage dans le sud de la France » https://www.youtube.com/watch?v=YCHGevT2sqk
[13] Conférence d’Adeline Rucquoi « Pèlerins et chemins de pèlerinage dans le sud de la France », https://www.youtube.com/watch?v=YCHGevT2sqk
[14] Humbert Jacomet « Gotescalc, évêque de Saint-Marie d’Anis, Pèlerin de Saint-Jacques (950-951) », 2009, page 21
[15] « De Pons à Blaye, sur le chemin de Saint-Jacques », Jean Glénisson, in « Saint-Jacques et la France », sous la direction d’Adeline Rucquoi, éditions Cerf Histoire, 2003, p. 469-470
[16] Vincent Juhel « Pèlerins de Saint-Jacques et de Saint-Michel en route vers le Mont et vers Compostelle », p 22, in « Pèlerins sur les Chemins de Compostelle et du Mont », Actes des 8e rencontres historiques des Chemins du Mont-Saint-Michel, Avranches 8 mai 2018
[17] Adeline Rucquoi « « Pèlerins et chemins de pèlerinage dans le sud de la France » https://www.youtube.com/watch?v=YCHGevT2sqk
[18] Philippe Martin : « Les chemins de pèlerinage : entre mythes et réalités », p. 61, in « Pèlerins sur les Chemins de Compostelle et du Mont », Actes des 8e rencontres historiques des Chemins du Mont-Saint-Michel, Avranches 8 mai 2018
[19] S’il a vraisemblablement été compilé par un clerc d’origine française, c’est à Compostelle même qu’il a été confectionné. « Cluny et Saint-Jacques au XIIe siècle », Patrick Henriet, in « Saint-Jacques et la France », sous la direction d’Adeline Rucquoi, éditions Cerf Histoire, 2003 p. 417
[20] Philippe Martin : « Les chemins de pèlerinage : entre mythes et réalités », p. 61
[21] Adeline Rucquoi « « Pèlerins et chemins de pèlerinage dans le sud de la France » https://www.youtube.com/watch?v=YCHGevT2sqk
[22] Philippe Martin, Université Lyon 2 Lumière, LARHA – UMR 5190 et notamment auteur du livre « Les secrets de Compostelle », Paris, Librairie Vuibert, 2018
[23] Philippe Martin, « Les chemins de pèlerinage : entre mythes et réalités, p. 68
[24] Ibid, p. 61
[25] Cf Gilles-Marie Moreau : « Calixte II (v. 1060-1124), le Père de la paix », L’Harmattan, Paris 2019, p. 52-54
[26] Gratianopolis : nom de la ville de Grenoble à l’époque de saint Hugues
[27] J.J.A. Pilot : « Histoire de Grenoble et de ses environs depuis sa fondation sous le nom de Cularo jusqu’à nos jours », Baratier Frères, Grenoble 1829, p. 395
[28] « Notice sur les anciennes rues et sur un ancien plan de la ville de Grenoble, avant son agrandissement par Lesdiguières » de M. Pilot, Bulletin de la société de statistiques, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l’Isère, Grenoble 1841, page 315
[30] Photographie de Robert Aillaud, historien de l’association GRAPHE
[31] Histoire Générale du Dauphiné, Nicolas Chorier, 1672, Livre I, Chap. VIII, page 15